TOUT CE QUI NE TIENT PAS SUR SCÈNE

Un bouc errant dans une ville sans nom, un fantôme qui hante les automobilistes, une animatrice radio et un choeur de mineurs polonais. Il y a aussi une autre histoire qui se raconte en arrière-plan : le souvenir d’Usinor, dont la fermeture à la fin des années 1980 a marqué la région au fer rouge.

Ce film est un collage d’images et de mots récoltés sur le territoire. Un puzzle composé de contes, de légendes, de faits divers et de fragments d’histoire locale que nous avons glanés auprès des habitant•es. Ces histoires se croisent, se répondent et s’entremêlent pour composer une forme entre fiction et documentaire.

Il y a 4 ans, notre compagnie La Phenomena est arrivée sur ce territoire et a commencé une résidence longue à Denain puis à Douchy-les-Mines. Dès le départ, nous avons envisagé cette résidence comme une exploration à la fois géographique et artistique. Chaque projet mené dans ce cadre a impliqué pour nous une forme originale. La première année, nous avons créé l’opéra Les Noces de Figaro (variations) avec un chœur d’enfants incluant des élèves d’une classe de CE2 de Denain. L’année suivante, I Wish I Was qui racontait les aventures d’un groupe de musicien•nes amateur•es dans la région. Dans chaque ville où nous jouions, une fanfare ou une harmonie municipale faisait irruption au milieu du spectacle. La troisième année, nous avons imaginé ce court-métrage.

Il s’agit d’une œuvre hybride, mêlant comédien•nes de La Phenomena, habitant•es et associations locales. C’est à la fois une mémoire de l’aventure que nous avons vécue et un portrait de ce territoire mosaïque, où s’entrecroisent les histoires, les générations, les langues et les langages : un film où l’on ferait rentrer les voix, les visages, les paysages, les champs, les routes, les bars, les stations-services… Tout ce qui ne tient pas sur une scène de théâtre.

Maëlle Dequiedt et Simon Hatab