POURQUOI AU BOIS ?

AU BOIS est une histoire d’insoumission. Jouant avec les éléments du Petit chaperon rouge, c’est d’abord une histoire de fille, de femme. Les filles ne s’en laissent plus conter. Ni par les parents, ni par les loups, ni par les bois, ni par les chasseurs, ni par la rumeur, la vox populi qui affiche sa morale puritaine et, secrètement, sournoisement, a faim de châtiment, de vengeance et de sang. 

AU BOIS est une histoire de liberté. Liberté de ton, de geste, de parole. AU BOIS est une histoire qui met les femmes au premier plan. Qui ne relègue pas les mères au rang de mères. À quarante ans, les mères sont des femmes et leurs filles adolescentes ne sont plus des enfants. Les femmes ne veulent plus être des victimes. Elles ne veulent plus servir de gibier aux hommes, qu’ils les séduisent, qu’ils abusent d’elles ou qu’ils les abandonnent. Et les filles pareillement. À treize, quatorze, quinze ans, on veut vivre sa vie. On veut croire à l’amour. Dans le Bois, et dans la vie, le loup n’est pas toujours celui qu’on croit. 

AU BOIS est une histoire qui se passe dans les villes. Villes anciennes, villes nouvelles, cœurs de villes, banlieues. Là où ça vibre, ça rit, ça joue, ça chante, ça drague, ça guette, ça tue. AU BOIS est une histoire où la nature malmenée, polluée fait encore entendre sa voix, et cette voix est aussi la nôtre, qui ne se laissera pas faire. Une voix capable de rassembler les protestations et les forces vives, afin de se défendre et de reconquérir sa vie, une voix qui a la puissance et le courage de l’humanité lorsqu’elle se met en marche pour faire respecter le droit à l’égalité et à la liberté. 

AU BOIS dit tout haut ce que les jeunes disent tout bas. Un garçon d’un collège de Corbeil-Essonnes a dit : “Moi j’ai aimé cette pièce parce que le viol on en parle tout le temps, mais on sait pas comment ça se passe à l’intérieur.” À l’intérieur, c’est là où ça fait mal, c’est là où la peur gronde, c’est là où l’amour appelle au secours, c’est là où le corps tremble et où l’esprit se révolte, à l’intérieur c’est là où ça insiste, là où ça résiste. 

AU BOIS raconte sans peur ni surenchère, avec pudeur et crûment, que les filles de plus en plus jeunes doivent se battre contre les garçons et les hommes. Une fille d’un autre collège a dit : “Je ne sais pas si on a la force physique mais la rage au ventre, et l’adrénaline on l’a, et ça peut changer beaucoup de choses.” Et elle a ajouté : “Surtout si on est solidaires, si on se laisse pas faire, si on se bat ensemble, on s’en sortira.” 

AU BOIS est une pièce où être une fille ne fait pas de vous une proie. En ces temps de peur, de repli, de brutalité, d’humiliation, ces temps où l’individu isolé ne peut pas grand-chose, AU BOIS est une pièce où on parle haut et fort, où on chante et on rit, une pièce où la jeunesse donne le La, une pièce où on ne renonce pas, on ne renonce à rien, on ne renonce pas à aimer, on ne renonce pas à être une fille, une femme, un bois. Les chasseurs n’ont qu’à bien se tenir, la rumeur publique ravaler ses médisances, ses idées reçues, son esprit de revanche.

Claudine Galea